Marguerite Yourcenar, née le à Bruxelles et morte le à Bar Harbor, dans l'État du Maine (États-Unis), est une femme de lettres française naturalisée américaine en 1947, auteur de romans et de nouvelles « humanistes », ainsi que de récits autobiographiques.
Elle fut aussi poète, traductrice, essayiste et critique littéraire.
Elle fut aussi poète, traductrice, essayiste et critique littéraire.
Elle fut la première femme élue à l'Académie française, le 6 mars 1980,
Les Mémoires d’Hadrien se présente comme une lettre adressée par l’empereur Hadrien vieillissant (76-138) à son petit-fils adoptif de dix-sept ans, Marc Aurèle, qui doit lui succéder en tant qu’empereur.
Cette « méditation écrite d’un malade qui donne audience à ses souvenirs » a pour but d’aider le jeune homme à se préparer à la rude tâche qui l’attend et de lui permettre de réfléchir à l’exercice du pouvoir. Hadrien, sur le ton de la confession, y dresse le bilan de sa vie.
Cette lettre en 6 parties est composée en fait de quatre parties encadrées d’un prologue et d’un épilogue .
Elle commence par la visite que l’empereur Hadrien a fait le jour même à Hermogène, son médecin. Bien que celui-ci se soit montré rassurant, Hadrien, qui, a soixante ans, se sent trahi par son corps et pense que sa mort est imminente. Il entreprend d’analyser son parcours pour « trouver un sens à sa vie et à sa mort ».
Il y évoque sa jeunesse et les personnes, les combats, et les lectures qui l’ont influencé. Il confie également les circonstances secrètes qui lui ont permis de devenir empereur. Dans sa jeunesse, Hadrien combat aux côtés de Trajan. Protégé par Plotine, la femme de Trajan , il parvient à conquérir la sympathie de l’empereur, qui à quarante ans le désigne comme successeur.
Marié à Sabine , il n'en éprouve nulle satisfaction, et se consacre à l'Empire. Homme de paix, clairvoyant et éclairé, il renonce à certaines colonies précaires, et travaille à la pacification de l'Empire. Pour lui la guerre est un moyen et non un objectif. Il a durant son règne, travaillé à la consolidation de son empire et à l'amélioration des conditions de vie des femmes et des esclaves. Il s’est ainsi efforcé de rendre la société romaine plus juste.
Alors qu’il voyage en Asie Mineure, Hadrien va rencontrer le jeune Antinoüs qui va bouleverser sa vie. Emu par la beauté du jeune bithynien, Hadrien découvre le bonheur. La disparition de son favori, qui s'est suicidé par amour, « marque un point de non retour dans l’existence d’Hadrien ». Il lui fait ériger une cité et lui voue un culte fervent.
Après une dernière victoire en Judée, Hadrien ressent les premières douleurs cardiaques. Malade, il se retire pour méditer sur son corps dont la mort va bientôt le délivrer.
Les Mémoires d’Hadrien se terminent par une méditation sur le suicide . Ayant le sentiment du devoir accompli, il pense en effet un moment mettre fin à ses jours , mais se résigne finalement à attendre la mort avec dignité et patience …
(à la lettre.com)
Citations:
Antinoüs agrippé à mon bras tremblait, non de terreur, comme je le crus alors, mais sous le coup d’une pensée que je compris plus tard. Un être épouvanté de déchoir, c’est-à-dire de vieillir, avait dû se promettre depuis longtemps de mourir au premier signe de déclin, ou même bien avant. (…) Mais il fallait encore que ce départ n’eût pas l’air d’une révolte, et ne contînt nulle plainte. L’éclair du mont Cassius lui montrait une issue : la mort pouvait devenir une dernière forme de service, un dernier don, et le seul qui restât. L’illumination de l’aurore fut peu de chose à côté du sourire qui se leva sur ce visage bouleversé.
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"Je voulais que les villes fussent splendides, aérées, arrosées d’eaux claires, peuplées d’êtres humains dont le corps ne fut détérioré ni par les marques de la misère ou de la servitude, ni par l’enflure d’une richesse grossière,
que les écoliers récitassent d’une voix juste des leçons point ineptes ;
que les femmes au foyer eussent dans leurs mouvements une espèce de dignité maternelle, de repos puissant;
que les gymnases fussent fréquentés par des jeunes hommes point ignorants des jeux ni des arts,
que les vergers portassent les plus beaux fruits et les champs les plus riches moissons.
Je voulais que l’immense majesté de la paix romaine s’étendît à tous, insensible et présente comme la musique du ciel en marche,
que le plus humble voyageur pût errer d’un pays, d’un continent à l’autre, sans formalités vexatoires, sans dangers, sûr partout d’un minimum de légalité et de culture ; "