La cuisinière d'Himmler (Franz-Olivier GIESBERT)



Synopsis


 Rose a une vie très active (un peu comme, elle échappe au génocide arménien par miracle et elle va connaître tous les génocides du XXème siècle, l'extermination des Juifs, les dictatures, mais aussi les travers de l'Amérique et un clin d'oeil à Marseille… 
 On alterne les atrocités et les recettes de cuisine .En fait, la cuisine est un héritage de toutes ses rencontres tout comme ses lectures : Byron avec sa grand-mère, le poète John Keats avec Emma Lempereur entre autres. de chaque étape de sa vie restent une (ou plusieurs) recette de cuisine et un enrichissement de sa bibliothèque.
On voit défiler Sartre et Simone de Beauvoir qui ne jurent que par Staline et le communisme. Elle parle très bien d'ailleurs du fonctionnement si particulier de ce couple avec qui elle ira en Chine. On rencontre aussi Mao, et un beau Chinois Liu dont elle tombe amoureuse.
Chaque fois qu'il y a des difficultés dans sa vie, elle part trucider quelqu'un, cela soulage sa colère ou son impuissance. C'est en cela qu'elle est attachante d'ailleurs. Chaque fois qu'une épreuve survient, elle en fait quelque chose de positif qui la fait avancer dans la vie, et même parfois, la maintient en vie.
On note aussi l'importance de Théo la salamandre qui est un peu sa conscience car elles ont un dialogue imaginaire et Théo lui reproche sa conduite, ses erreurs, ses dérapages.
On découvre aussi Félix Fersten, Estonien, qui est le masseur d'Himmler, personnage particulier formé par un grand maître tibétain. Il soulage Himmler de ses terribles maux d'estomac, en lui faisant signer des papiers annulant des déportations. 
On visualise sans peine sa rencontre avec Hitler, végétarien, qui se termine par une beuverie phénoménale non sans conséquences.





Critique de Aliocha Wald Lasowski pour le Magazine Littéraire 


« L'Histoire entre sans frapper et c'est à peine si on la remarque quand elle passe. Sauf quand elle vous roule dessus. » C'est la leçon donnée au lecteur du roman de Franz-Olivier Giesbert, par sa narratrice-héroïne, à travers l'épopée tragicomique, le récit picaresque de ses aventures au milieu de l'horreur de la guerre, des génocides et des massacres du XXe siècle. Comment fuir les événements de l'Histoire ? On le sait : tôt ou tard, les fourmis qui tentent d'échapper à la montée des eaux, un jour d'orage, sont rattrapées par le destin. La Cuisinière d'Himmler développe une fresque intime, historique et trépidante autour de la Méditerranée, où la saveur des épices se mêle au sang versé des tragédies humaines.
Le conte philosophique moderne s'ouvre à Marseille, de nos jours. À La Petite Provence, son restaurant face au Vieux-Port, Rose décide d'écrire ses Mémoires. Son établissement est un résumé de sa vie : chaque plat qui défile sur la carte du menu évoque un événement de son passé. C'est aux personnes rencontrées qu'elle doit une partie de ses recettes, et de sa bibliothèque. Le plaki de sa grand-mère (un plat de haricots), les aubergines à la provençale de Barnabé Bartavelle, le flan au caramel d'Emma Lempereur... Et elle doit à sa grand-mère la lecture de lord Byron, à la paysanne Emma celle du poète John Keats. Mais qui est Rose ? « Cent cinq ans, un maigre filet de voix, cinq dents valides, une expression de hibou. » Devant ses fourneaux, au milieu du grésillement de la cuisine, l'étonnante centenaire fait alterner, dans la friture des souvenirs, moments tragiques et scènes légères.
 Rose naît en Arménie le 18 juillet 1907, près de la mer Noire, à Kovata, capitale mondiale de la poire. Sa mère lui donne naissance sur les branches d'un cerisier : « C'est ainsi que je vins au monde, en dégringolant. » Et à Constantinople, le chef spirituel des sunnites ordonne le génocide du peuple arménien. Que faire ? Avant de fuir, sa grand-mère, cuisinière inventive, lui transmet sa spécialité à base de céleri, de carottes et de haricots blancs, plat de pauvre nommé plaki - « rien que d'écrire ce mot, je commence à saliver ».

La Libre Belgique , le 28 mai 2013
Ça va, revient, virevolte, fustige, moque, accuse... C’est fou, grinçant, farfelu. C’est joyeux et sanglant, caricatural et affûté, faux et vrai.




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